Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire

J’ai vu tout les soleil y venir se mirer

S’y jeter а mourir tous les dйsespйrйs

Tes yeux sint si profond que j’y perds la mйmoire

A l’ombre des oiseaux c’est i’ocйan troublй

Puis le beau temps se lиve et tes yeux chengent

L’ йtй taill la nue au tablier des anges

Le ciel n’est jamais bleu comme il l’est surblйs...

Il advint qu’un beau soir l’univers se brisa

Sur des rйsifs que les naufrageurs enflammиrent

Moi je voyais briller au-dessus de la mer

Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa

Louis

Aragon .

Fille d’un avocat de Moscou, Elsa Trioler йtait nйe dans cette ville le

25 septembre 1896. Elle avais poursuivi des йtudes а l’Ecole Supйrieure d’Architecture de Moscou et avait obtenu son diplome d’architecte.

Par quels insolites dйtours cette jeune Russe allait-elle devenir une grande romanciйre franзaise ? C’est toute l’histoire d’une existence fascinante, en relation avec tous les mouvements qui йbralиrent le monde depuis le dйbut du siиcle. La connaissance de

Maiakovski (il devait, plus tard, aimer sa soeur Lili), la premier mariage avec un Franзais, Andrй Trioler, et le dйpart avec lui pour

Tahiti aui lui inspira son premier livre, йcrit en russe, la nostalgie de Moscou .L’йdition Stock a publiй les йcrits d’Elsa Trioler et ses lettres de Maiakovski . Ce journal dйcrit le moment critique de sa vie oщ elle, toute seule, cnerche le sens de son йxistence а Paris . Et puis , le 6 novembre 1932, la rencontre d’Aragon, celle qui dйcide tout. Pour Elsa la femme comme pour Elsa l’йcrivain. « Je ne suis pas rentrйe au Moscou, йcrit-elle. Je t’ai rencontrй et je suis restйe en

France ». Et en 1964, elle йcrit : « Mon passй qui nous est commun est toujours prйsent ».

Jusqu’en 1928 Elsa avait йcrit trois livres. En russe. Gorki l’encourageait, mais elle voulait que ce soit Aragon qui l’encourage.

Il ne le voulait pas, parce qu’il ne comprenait pas un mot de ce qu’elle йcrivait. Et c’est puor qu’il puisseenfin la juger qu’elle rйsollut d’essayer d’йcrire en franзais, « avec rage et dйsйspoir ». зa lui prit dix ans – « Bonsoir Thйrиse » est de 1938 – mais la victoire fut totale.

La suite, on la sait davantage, et les titres qui se succиdent.

Entre autres : « Le Cheval blanc », « Les Amants d’Avignon », « Le premier accroc coute deux cent francs » (premier prix Goncourt de l’aprйs- guerre, premier Goncourt aussi а etre dйcerner а une femme),

« L’Inspecteur des Ruines », « Le Monument », « Le Cheval roux ».

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