Межкультурные коммуникации. Proverbes
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МОСКОВСКИЙ ПЕДАГОГИЧЕСКИЙ ГОСУДАРСТВЕННЫЙ УНИВЕРСИТЕТ
Реферат по предмету «Межкультурные коммуникации»
на тему: «Proverbes»
Работу выполнила студентка гр.305
Романо-германского отделения
Факультета иностранных языков
Старыгина М.Д.
Руководитель: Драпей Н.В.
Москва, 2004 год
Dйfinition et fonction dans la sociйtй.
Le proverbe, la maxime et la devise sont des йnoncйs normatifs lapidaires, fortement rythmйs et souvent imagйs, de longue durйe de fonctionnement.
Ce qui distingue la maxime des deux autres genres est
l'individualisme. Alors que le proverbe est puisй а un fonds commun de
sagesse reprйsentant la tradition, la maxime est une vйritй йcrite dont un
auteur prend la responsabilitй. Elle est critique, incisive et volontiers
ironique. Le proverbe ne fait que rйpйter la doxa, alors que la maxime la
remet en cause ou en ruine les assises. Mais il ne s'agit pas seulement
d'apporter une vision nouvelle : la maxime est un apophtegme qui a ambition
de proverbe, elle est destinйe а passer dans l'usage. La structure
rythmique de la maxime a une double fonction : mnйmonique et incantatoire.
Un йnoncй bien frappй s'imprime aisйment dans la mйmoire et crйe le besoin
de se faire rйpйter. Les maximes d'excellente facture ont une stabilitй qui
leur permet de passer а travers le temps.
Le proverbe est une courte maxime entrйe dans l'usage courant. Du point de vue formel, il se distingue souvent par le caractиre archaпque de sa construction grammaticale : par l'absence d'article, par l'absence de l'antйcйdent, par la non-observation de l'ordre conventionnel des mots. La structure rythmique du proverbe est souvent binaire. On y trouve l'opposition de deux propositions ou de deux groupes de mots а l'intйrieur de la proposition. La rime ou l'assonance vient parfois souligner l'opposition. Cette structure est souvent renforcйe par l'utilisation d'oppositions sur le plan lexical : la rйpйtition des mots, la mise en prйsence syntagmatique de couples oppositionnels de mots. Les traits spйcifiques du proverbe en franзais sont l'emploi du cas-sujet et du cas- rйgime dans les expressions nominales, la prйsence de complйments dйterminatifs, l'ellipse des relatifs, les consйcutives nйgatives, les relatives au subjonctif, l'infinitif substantivй ou servant de thиme dans une phrase а prйdicat, la conjonction de coordination et introduisant une principale, les phrases nominales et les constructions chiasmatiques.
La formulation archaпsante des proverbes renvoie а un passй non dйterminй, leur confиre une sorte d'autoritй qui relиve de la sagesse des anciens. Le caractиre archaпque des proverbes constitue une mise hors du temps des significations qu'ils contiennent. Le prйsent employй est le temps anhistorique qui aide а йnoncer, sous forme de simples constatations, des vйritйs йternelles. L'impйratif, en instituant une rйglementation hors du temps, assure la permanence d'un ordre moral sans variations.
La devise est une injonction rйflexive exprimant un idйal. Mais la norme qui la fonde n'est pas, comme dans la maxime et le proverbe, gйnйrale. Elle ne concerne qu'un individu, une famille, une nation.
La terre d'йlection des trois genres est le discours argumentatif.
Le proverbe, la devise et la maxime sont un moyen facile de communication
avec l'auditoire. Ils constituent des messages dont la source originelle
est inconnue ou voilйe. Devenus a-contextuels, vides, ces faits йnonciatifs
s'offrent comme le lieu idйal de l'insertion de nouvelles instances
йmettrices qui, les manipulant а leur guise, en assument provisoirement la
responsabilitй. Ceci explique leur forte charge idйologique et leur
fonctionnement comme signes univoques, mono-isotopiques, propriйtйs qui les
rendent utiles lorsqu'il s'agit d'йtablir un consensus rapide entre
idiolectes.
Dans la langue parlйe, ils se distinguent de l'ensemble de la chaоne par le changement d'intonation : le locuteur abandonne momentanйment sa voix et en emprunte une autre pour profйrer un segment de la parole qui ne lui appartient pas en propre, qu'il ne fait que citer. C'est donc l'йlйment d'un code particulier, intercalй а l'intйrieur de messages йchangйs.
Origines et postйritй.
Origines.
1) Origines du proverbe.
- Les civilisations archaпques et prй-chrйtiennes (au Moyen-Orient, en
Asie, en Europe) vйhiculaient des proverbes. Chez les Sumйriens et les
Йgyptiens (les deux plus anciennes civilisations connues par l'йcriture), les proverbes йtaient rassemblйs en collections, а emploi sans doute
pйdagogique. Ils ont circulй dans tout le Proche-Orient. Les Grecs et les
Latins sont redevables de nombreux proverbes au Proche-Orient ancien.
- Le proverbe peut кtre rapprochй des lois et des textes religieux (ex. le
Livre des Proverbes). Mais le mot hйbreu traduit "proverbe" (Meshalim)
signifie plutфt poиme et dйsigne en fait un exposй de morale religieuse, vs
les proverbes populaires dont le ton apparemment pйremptoire est toujours
tempйrй par l'humour, et dont les mйtaphores йnigmatiques renvoient а
l'ambiguпtй du rйel.
- Civilisation grйco-romaine. Lien entre le proverbe et les autres genres
de la littйrature orale. Trиs souvent, dans les fables d'Йsope, le rйcit
s'achиve par une formule lapidaire qui rйsume l'histoire et propose une
moralitй. Cette formule peut prendre son indйpendance, l'image surprenante
renvoie а une histoire connue de tous et qu'il n'est pas besoin de
rappeler.
- Pour les auteurs antiques (Aristote, Sophocle, Thйophraste, Quintilien,
Cicйron), le proverbe exprime un concept vrai. L'idйe de la vйritй
renfermйe et exprimйe par le proverbe est acceptйe par les rhйteurs, qui en
font la base de l'auctoritas du proverbe dans le discours. Le proverbe est
un йlйment utile dans la vie, parce qu'il donne des conseils reconnus
vrais, qui servent le long de la voie-vie de l'homme. Il est aussi dйfini
comme un discours obscur. Il doit attirer l'attention et inspirer le
respect. Il renvoie а une vйritй commune et reconnue par tout le monde. Il
est le point d'insertion, dans le discours, du savoir commun de la
collectivitй ; par lа lui est confйrй l'auctoritas, parce qu'il n'est pas
liй aux idйes particuliиres de celui qui l'exprime. Tйmoignage-assertion, reconnu juste et vйridique а cause de son caractиre d'antiquitй, incorruptible et impйrissable.
- Les proverbes grecs anciens. Les proverbes constituent le domaine
privilйgiй de la phrase nominale.
- Les proverbes latins. Ils pouvaient se prйsenter sous forme de phrases
complexes (Quem di diligunt Adulescens moritur, dum ualet, sentit, sapit :
Quand on est aimй des dieux, on meurt jeune, dans toute sa force, dans tous
ses sens et dans tout son bon sens). Les procйdйs les plus frйquents :
l'allitйration, la briиvetй, l'ellipse, la rйpйtition de mots, l'assonance, le raccourci d'expression, la prйsentation en proposition infinitive.
- Pline, Sйnиque, Quintilien, Lucrиre, Virgile, Horace : par leur souci de
concision et leurs recherches stylistiques, recrйent ou crйent des
expressions proverbiales. Ainsi se constitue un trйsor de proverbes, d'origine gйnйralement populaire, mais souvent aussi rййlaborйs par la
culture savante.
- Les Dits de Salomon et de Marcoul. Recueil qui attribue а la sagesse
lйgendaire du roi Salomon un dialogue en proverbes rimйs, circule depuis le
Xe siиcle en Europe, d'abord en latin puis, vers la fin du XIIIe siиcle en
franзais.
- XIIe et XIIIe siиcles. Le proverbe est alors un "йnoncй а caractиre
universel" empruntй aux philosophes et sages de l'Antiquitй ou а la sagesse
dite populaire. Les thйoriciens lui prкtent une qualitй particuliиre : un
caractиre mйtaphorique ou allйgorique qui permet de l'adapter au contexte, surtout dans l'exorde et la conclusion.
- Les proverbes sont omniprйsents dans la culture du Moyen Age. Ils
reflиtent les rapports de forces, les tensions et les conflits de la
sociйtй fйodale ("L'argent ard gens") ou йvoquent des rivalitйs anciennes
entre rйgions ("Niais de Sologne qui ne se trompe qu'а son profit"). Ce
sont des proverbes mallйables. Les clercs qui les utilisent les rййlaborent
sans cesse. Ils faisaient autoritй, а cфtй de la Bible, dans les sermons.
Se sont constituйs а l'usage des prйdicateurs des recueils de proverbes :
Hic incipiunt proverbia in gallico, Principia quorundam sermonum qui
dйmontrent pratiquement comment l'on peut prendre des proverbes comme point
de dйpart de sermons. Les proverbes sont appuyйs de citations bibliques. On
ne trouve pas de recueils similaires dans d'autres pays europйens (ni en
Allemagne ni en Espagne).
- A la fin du XIIe siиcle, Mathieu de Vendфme propose une dйfinition qui
donne а cet йlйment une place essentielle : "Le proverbe est une sentence
commune а laquelle l'usage accorde foi, que l'opinion publique adopte et
qui correspond а une vйritй confirmйe". La sentence mйmorisйe devient
proverbe : la rйpйtition, la projection dans la mйmoire du peuple la fait
passer du particulier au collectif.
- C'est au XIIIe siиcle que le mot proverbe apparaоt en France, dans les
fables de Marie de France.
- Les Distiques de Caton. Ils fournissaient au Moyen Вge en йpigraphes la
plupart des ouvrages. Au XIIIe siиcle, le recueil latin devient par le
travail de traducteurs une collection de proverbes. Jusqu'au XVIIIe siиcle, des йditions et traductions italiennes, allemandes, hollandaises
paraissent.
- Proverbes des Sages, Diz et Proverbes des Sages philosophes. XIVe et XVe
siиcles. Ce sont des quatrains moraux. Certains ont eu un tel succиs qu'un
certain nombre d'entre eux sont passйs en proverbes et ont йtй introduits
comme tels dans les recueils populaires.
- XVe et XVIe siиcles. Les crйateurs procиdent soit par simple
juxtaposition de proverbes faisant voler leur sens en йclats (Villon,
Ballade des proverbes), soit par accumulation qui mйlange proverbes
authentiques et proverbes inventйs (Rabelais, Gargantua, XI), soit encore
par commentaires provocateurs (Montaigne et Cervantиs).
- Philippe Bйroalde, Oratio proverbium (1499) : pose l'adage comme riche
d'une sagesse qu'il faut dйvoiler et dйvelopper.
- Erasme a йtй parmi les premiers а fournir une dйfinition du proverbe, а
йtudier son apport culturel et а prйparer lui-mкme, entre 1500 et 1530, un
recueil d'adages. Il publie а partir de 1500 plusieurs volumes d'adages. Le
proverbe est pour Erasme un des moyens les plus sыrs d'йviter le langage
trivial. Fonction discriminative du proverbe qui permet de ne pas
s'exprimer comme tout le monde. Erasme saisit des fragments du langage
populaire pour mieux se dйmarquer de ce mкme langage. Nйcessitй que le
proverbe soit grec ou latin. "Parole connue qui se distingue par quelque
origine spirituellement savante". La dйfinition l'oriente du cфtй de la
culture savante et du cфtй de l'ornement stylistique. Il n'est pas question
d'un contenu moral. Mйtaphore, allusion savante. Mais pas la comparaison :
cette derniиre est trop explicite pour servir d'ornement au discours, et
condamne une sentence comme "L'envie, comme le feu, gagne ce qui est au-
dessus d'elle". Mйtaphore et ellipse s'y conjuguent pour leur confйrer
cette obscuritй minimale sans laquelle, pour Erasme, il n'est point
d'adage.
- Les Humanistes collectionnaient les proverbes. Ils citaient des Proverbia
rustica et des sententiae littйraires. C'est au XVIe siиcle que l'on
commence а commenter les proverbes. Les ouvrages : Henri Estienne, Projet
de livre intitulй de la Prйcellence du langage franзois (1579); Йtienne
Pasquier (1529-1615), Recherches de la France; Fleury de Bellingen, l'Йtymologie ou explication des proverbes franзais, divisйe en trois livres
par chapitres en forme de dilaogue (1656); Antoine Oudin, Curiositйs
franзaises, pour supplйment aux dictionnaires. Recueil de plusieurs belles
propriйtйs, avec une infinitй de proverbes et quolibets, pour l'explication
de toutes sortes de livres (1640).
- Ils sont passйs de l'abus а la dйchйance sociale. Parodie de Rabelais et
de Cervantиs.
- Liйs а la rhйtorique, а l'emploi courtisan et lettrй au XVIe siиcle, ils
sont renvoyйs au "populaire" aux XVIIe et XVIIIe siиcles. Alors se
dйveloppe la maxime, l'aphorisme individuel.
- Au XVIIe siиcle, les soulиvements populaires obligent les intellectuels а
prendre parti pour ou contre leur emploi. Cйsar Oudin (1640) dans les
Curiositйs franзaises, classe les proverbes ou expressions proverbiales en
catйgories : familiиres, vulgaires, basses, triviales.
- Les proverbes sont, jusqu'а la fin du rиgne de Louis XIII, le support
d'un jeu qui fait fureur dans les salons parisiens et les collиges :
saynиtes, йnigmes dont le "mot" est un proverbe. Mais aprиs la Fronde
(1648), les proverbes deviennent la cible des intellectuels de Louis XIV.
La Fontaine, а contre-courant, admire les proverbes, en fait la trame de
ses fables et en cite quelques uns en langue vernaculaire (ex. : "le Loup, la mиre et l'enfant", Fables, IV, 16, s'achиve sur un proverbe picard).
Indiffйrenciйs au XVIe siиcle, le proverbe et la maxime vont dissocier
leurs destins au XVIIe siиcle. Les maximes sont dorйnavant les "proverbes
des gens d'esprit". Le proverbe passe de mode et se trouve abandonnй а la
culture populaire, au burlesque, aux valets et aux paysans de la comйdie.
- Aux XVIIe et XVIIIe siиcles : discrйdit du proverbe, floraison de la
maxime. Adrien de Montluc donne la Comйdie de proverbes (1616), oщ il les
met en litanie pour en ridiculiser l'emploi. Vaugelas, dans ses Remarques
sur la langue franзaise (1647) proscrit le proverbe. Concurremment la
maxime fleurit.
- Au XVIIIe siиcle, en France : le proverbe dramatique = courte piиce de
thйвtre dont le titre et le mot de la fin est un proverbe laissй а la
sagacitй du spectateur. Carmontelle (1717-1806).
- Le jeu des proverbes reste а la mode jusqu'au XVIIIe siиcle (avec Collй,
Carmontelle et Berquin).
- L'йveil des nationalitйs et le romantisme vont remettre а la mode les
contes et les proverbes. Sont effectuйs en France les premiers recensements
systйmatiques. Ex. : celui de La Mйsangиre (1827) et le Livre des proverbes
franзais d'Antoine Leroux de Lincy (1840). La recherche philologique
allemande suit а partir de 1859. Edmund Stengel, Adolf Tobler.
- Cette vogue produit plusieurs oeuvres originales oщ la culture populaire
semble rйgйnйrer l'art salonnier : Quitte pour la peur (1833) d'A. de Vigny
et On ne badine pas avec l'amour (1834) et Comйdies et proverbes (1840)
d'A. de Musset.
2) Origines de la devise.
Les cris de guerre mйdiйvaux permettant l'identification des combattants au
visage cachй par le heaume. Sentences accompagnant les emblиmes
hйraldiques. La mode des devises date des guerres d'Italie : imitant la
noblesse, йcrivains et imprimeurs signиrent leurs oeuvres de formules plus
ou moins emblйmatiques ou anagrammatiques, de Clйment Marot ("La mort n'y
mord") а Maurice Scиve ("Non si non lа"). Tournй en dйrision par du Bellay
(Dйfense et Illustration de la langue franзaise, II, 11), l'usage de la
devise disparut aprиs 1565.
3) Origines de la maxime.
- Chez les latins : phrase dans laquelle on dit beaucoup de choses en peu
de mots. Idйal chez les Romains : la concision. Substantifs plus que
verbes. Art de la concision. Йconomie de roches sur lesquelles on йcrivait.
Les йcrivains en crйaient. De l'йcriture au proverbe.
- Pour Quintilien, la brevitas s'oppose а la copia, elle se signale par la
densitй d'une forme qui dit beaucoup en peu de mots. Ce souci de concision, liй а l'exigence de la clartй demeurera а toutes les йpoques la vertu
classique par excellence.
- Au Moyen Age, la doctrine des Pиres de l'Йglise est compilйe sous forme
de sentences par Anselme de Laon, Pierre Lombard, Robert de Melun, etc. La
sentence est d'essence thйologique mais elle garde son caractиre de
proposition personnelle. Le plus cйlиbres des sententiaires est Pierre
Lombard. Il a laissй un recueil de textes des Pиres dogmatiques, dans
lequel sont rassemblйs des sentences sur des problиmes trиs variйs.
- Cette mode continue au XVe siиcle, mais en franзais et sous forme de
quatrains moraux, avec Gui de Faur de Pibrac, Antoine Faure, Pierre
Matthieu. Ronsard formule de nombreuses maximes dans son poиme Sur
l'adolescence du roi trиs-chrйtien.
- La mode des maximes fait fureur dans le monde des prйcieuses. La maxime
correspond au goыt si vif du temps pour tout ce qui touche а l'analyse
psychologique.
- La maxime en tant que genre spйcifique contribuant а renouveler l'analyse
morale et psychologique n'est vйritablement apparue que dans l'entourage de
Mme de Sablй, Jacques Esprit, La Rochefoucauld. La tradition est reprise au
XVIIIe siиcle par Chamfort, Voltaire et Diderot.
Postйritй.
- Les poиmes gnomiques, qui mettent en vers des maximes.
- L'esthйtique du fragment. Frйdйric Schlegel. Les textes de l'Athenaeum.
- Les clichйs sont poursuivis depuis le romantisme. La formule clichйe n'a
de valeur que comme moyen trop facile de communion avec l'auditoire. Les
beaux esprits ne veulent pas vivre de recettes. A la condamnation
d'expressions jugйes triviales et populaires s'ajoute le refus d'une
"sagesse" perpйtuant sa loi sous forme d'une mise en fiche proverbiale du
comportement de l'individu. Le dйclin du proverbe s'est accompagnй d'un
renoncement progressif а la mйtaphore. Les proverbes attestйs plus
rйcemment dans les recueils s'йloignent du domaine concret pour йvoquer
plus littйralement et sur un mode abstrait le monde moral et affectif.
Beaucoup d'йnoncйs abstraits et moralisateurs sont attestйs dиs les
premiers manuscrits ("L'homme propose et Dieu dispose", "Qui aime bien
chвtie bien"), mais ce qui a йtй perdu avec le temps, ou parfois avec la
modernisation syntaxique, c'est la force de la formule, sa frappe
(prosodie, rime, etc.), comme si elle jouait le mкme rфle que la mйtaphore
dans les autres йnoncйs : celui d'une griffe authentifiant le proverbe.
L'appauvrissement du fonds proverbial franзais va de pair avec la perte
d'une exigence rhйtorique, comme si dйsormais plus rien du savoir humain ne
pouvait se mettre en images ou en formules.
- Le peuple continue а crйer des proverbes, qui affleurent et se rйpandent
en pйriode de crise, lorsqu'un groupe social ou une nation opprimйe se
trouvent obligйs d'affirmer leur identitй et leur force. Ex. : ceux qui
sont apparus sur les murs de Nanterre en mai 1968 : "Mйtro, boulot, dodo"
et "Sous les pavйs la plage".
- Les slogans, les mots d'ordre, constituent des maximes йlaborйes pour les
besoins d'une action particuliиre. Ils doivent s'imposer par leur rythme, leur forme concise et facile а retenir, mais ils sont adaptйs aux
circonstances, doivent toujours кtre renouvelйs et ne participent pas
encore au large accord traditionnel dont jouit le proverbe. Leur rфle est
celui d'imposer, par leur forme, certaines idйes а notre attention. Les
slogans publicitaires ("Un verre зa va, trois verres, bonjour les dйgвts").
- Les substitutions dans les proverbes pratiquйes par les surrйalistes
(Breton et Йluard). Ex. : Il faut battre sa mиre pendant qu'elle est jeune.
Travail de dйrision de la signification, de Rrose Sйlavy de Desnos aux Mots
sans mйmoire de Leiris.
- Les mйtaproverbes. Le dйtournement systйmatique d'expressions
proverbiales et de proverbes, а la fois sur le plan phonйtique et
sйmantique. Les mйtaproverbes ironisent sur les slogans publicitaires et
sur les principes de notre sociйtй. Ex. : "On a souvent besoin d'un plus
petit que soi, pour lui casser la gueule" (Pierre Pйret) ou les Proverbes
d'aujourd'hui, de Guy Bйart.
- Le wellйrisme. Sam Weller, le hйros de Charles Dickens dans Monsieur
Pickwick cite des chapelets de phrases sentencieuses. Sam Weller a donnй
son nom aux wellйrismes. Dйjа attestй au IIIe siиcle avant notre иre, le
wellйrisme est la contestation parodique de la parйmie, dont il tourne en
ridicule l'argument d'autoritй. Il comporte trois sйquences : le premier
segment est soit une parйmie soit une pseudo-parйmie; le deuxiиme, introduit par la formule "comme disait un tel", attribue la citation а un
"hйros", un personnage historique ou lйgendaire, et le circonstant apporte
la touche comique.
- Le genre est redйcouvert au cinйma. Ex. : Йric Rohmer qui, entre 1981 et
1988, regroupe un ensemble de six films sous le titre gйnйral Comйdies et
proverbes.
Un peu de psychologie
Dans ce paragraphe je voudrais prйsenter le point de vue d’un psychologue canadien m. Georges-Henri Arenstein.
Il arrive souvent que certaines personnes, ne sachant plus quoi dire dans une conversation, citent un proverbe passe-partout pour meubler un silence.
Ce recours а une phrase toute faite, extraite de la sagesse populaire, frappe par son caractиre absolu. Et son caractиre absolu semble surgir du simple fait que la phrase est connue de tous. Donc, croit-on, elle doit кtre vraie.
Si le recours aux proverbes a un petit quelque chose de rassurant, je ne peux m'empкcher de penser qu'il s'agit d'un mйcanisme de dйfense qui empкche le vrai contact et qui empкche les ajustements crйateurs. En effet, lorsque la phrase est dite, le silence cesse d'кtre gкnant. La personne est mieux assise sur sa nouvelle certitude. Elle semble protйgйe maintenant par la sagesse des nations !
Est-il besoin de dйnoncer le fait que le recours aux proverbes est un dйrivatif stйrile qui n'apporte aucune paix durable ni aucun changement significatif. Qui plus est, la phrase est souvent fausse ou alors comprise dans un sens unilatйral, celui qui favorise son usager. Voici quelques exemples entendus dans ma pratique.
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